Les Français sont-ils fâchés avec la construction ? C’est ce que l’actualité immobilière nous donne à penser. Hier a été lancé un Conseil national de la refondation pour « pour réconcilier les Français avec l’acte de construire ». C’est à Paris que ce grand lancement s’est tenu, co-orchestré par la directrice générale de Nexity (promoteur), Véronique Bédague et par le délégué général de la Fondation Abbé Pierre, Christophe Robert. Ils étaient tous deux sous l’égide du ministre de la Transition écologique et la Cohésion des Territoires, Christophe Béchu et du ministre délégué à la Ville et au Logement, Olivier Klein. Cette large consultation a eu lieu à la Maison de l’Architecture et annonce un printemps prochain plus dynamique pour les secteurs de la construction, du BTP et de l’immobilier neuf.
Pourquoi un Conseil national de la refondation ?
La création du Conseil part d’un constat, celui que les Français ont nécessité d’être réconciliés avec la construction, avec l’acte même de construire. Plus encore, « le citoyen est devenu absolument allergique, réfractaire à toute forme de construction dense » selon Maider Arosteguy, maire de Biarritz. Cette réflexion est aujourd’hui constatée et partagée par de nombreux élus des collectivités françaises. Ces mêmes élus qui sont très souvent pris dans une spirale de contradictions. Leurs administrés ont besoin de se loger, de nouvelles constructions donc mais les recours contre les projets à venir se multiplient, les riverains se positionnant contre les sorties de terre de logements.
Si certaines communes font encore aujourd’hui passer les permis de construire en force ou presque, nombreux sont les maires qui préfèrent prendre du recul et laisser le choix aux habitants. Aller contre l’avis des administrés revient bien souvent à s’exposer à leur mécontentement, à leur perte de confiance et à être exclu à l’issue d’un seul mandat.
Attentistes, frileux, sur la défensive, les maires ont rapidement besoin de soutien et les Français d’être convaincus de l’intérêt des programmes immobiliers neufs en France. C’est dans ce contexte que le volet logement du Conseil national de la refondation ou CNR a été lancé le lundi 28 novembre 2022.
Son axe de travail principal a été annoncé par le ministre délégué à la ville et au logement, Olivier Klein, à savoir « réconcilier la France et les Français avec l’acte de construire ». Il a également ajouté que le pays était frappé par « une crise du logement, avec 2,2 millions de demandes de logement social en attente et 200 000 personnes en hébergement d’urgence tous les soirs. Il faut donner aux promoteurs, aux constructeurs, la capacité de faire, car on a besoin de logements. »
Depuis plusieurs mois, les professionnels de l’immobilier mais aussi les maires attendaient un geste de l’État, l’annonce de mesures pensées pour mettre fin pour partie à la crise du logement et au cercle infernal de la construction. C’est donc avec soulagement que la création du volet logement du Conseil national de la refondation a été accueillie. Preuve en est, le maire de Chambéry Thierry Repentin demandait la semaine passée que l’acte de construire soit réhabilité avec une charge moins lourde sur les épaules des maires. Il est même allé jusqu’à railler : « comme on ne construit plus assez, le gouvernement dit on va faire un choc de l’offre, on va faire 500 000 logements, (…) et les maires, prenez vos truelles. »
Les élus semblent cette fois avoir été entendus.
De nouvelles propositions en faveur de la construction en 2023
Voilà donc enfin une bonne nouvelle, une action demandée depuis longtemps par les acteurs de la construction, du BTP et plus largement de l’immobilier. Elle intervient dans un contexte alarmiste, comme le soulignait il y a peu la FPI, Fédération des promoteurs immobiliers de France au regard d’un « hiver du logement neuf : un marché sans offre et sans demande. »
Des mesures en faveur du logement neuf et de la construction sont donc attendues au printemps 2023, mesures qui devraient être rapidement appliquées tant l’urgence est grande. Promoteurs, associations, chercheurs ou encore bailleurs sociaux sont à l’œuvre autour de Véronique Bédague et Christophe Robert pour livrer des « propositions opérationnelles » dans les délais annoncés. Si les prochains mois de travail se tourneront principalement vers la construction, deux autres problématiques importantes seront abordées, à savoir :
- Le « pouvoir d’habiter » autour de l’hébergement social et de l’hébergement d’urgence. Les débats seront portés par Cédric van Styvendael, maire PS de Villeurbanne et Serge Contat, directeur général d’Emmaüs Habitat.
- L’ambition écologique pour « que le logement s’adapte aux transitions ». Les débats seront portés par Marjolaine Meynier-Millefert, député de la majorité et Christine Leconte, présidente du Conseil national de l’ordre des architectes.
Les réflexions sont d’ores et déjà amenées à se contredire dans un premier temps avant de trouver une articulation logique. Olivier Klein a d’ailleurs alerté sur ces possibles contradictions et notamment avec le « zéro artificialisation nette des sols (ZAN) à l’horizon 2050 qui est une belle ambition mais qui ne doit pas entrer en concurrence avec le besoin de se loger ».
Plus largement, le Conseil national de la refondation a été impulsé par le président de la République en place. Emmanuel Macron a en effet initié une large consultation, un modèle de réflexion ayant pour dessein la réforme du pays sur fond de quête de consensus. Ce Conseil est appliqué à l’immobilier mais également à d’autres thématiques majeures telles que l’école, le bien-vieillir, la santé, le plein emploi et la réindustrialisation, la transition écologique…
3 mois de concertation autour de 3 thématiques majeures. Le printemps 2023 sera-t-il celui du dynamisme retrouvé pour l’immobilier neuf et la construction ? À suivre !