C’est un article du Monde qui nous livre un intéressant (et alarmant) constat. Albert Lévy explique dans une tribune du journal, que Paris est particulièrement sensible aux risques de canicule et de pollution, par ses choix urbanistiques. L’architecte interpelle aujourd’hui la municipalité, lui demandant un engagement en faveur de l’arborisation du territoire urbain.
Les grandes villes chaque année plus sujettes à la canicule
Il y a quelques semaines, la France connaissait une première vague de chaleur, laissant s’installer la canicule. Nous vivons en ce moment, dans une majorité de départements, une remontée des températures après quelques jours d’accalmie. Et les météorologues sont formelles : les étés seront de plus en plus chauds au fil du temps. En cause, les émissions de gaz à effet de serre qui n’ont de cesse de progresser depuis le début du XXème siècle. Si l’heure est à la prise de conscience, les actions actuellement engagées ne porteront leurs fruits que dans 25-30 ans. La canicule semble donc être inscrite dans nos été pour encore quelques années.
Et la chaleur est encore plus significative dans les zones densément urbanisées. Les grandes villes sont principalement faites de béton, laissant peu de place à la végétation. C’est pourtant cette dernière qui pourrait limiter l’inconfort lié aux températures élevées. On parle d’ICU ou du phénomène de l’îlot de chaleur urbain déterminé en fonction de la présence de zones « nature » en ville, de la densité des constructions, des matériaux utilisés, des couleurs choisies et de la concentration de population et d’activités urbaines (comme la circulation).
Les conséquences de la canicule
La canicule de 2003 a marqué les esprits par son triste bilan : 15 000 morts dans l’hexagone. Dans ces périodes de fortes chaleurs, les personnes âgées, malades et les nourrissons sont évidemment les plus exposées. Et dans les grandes villes, le danger est d’autant plus présent. À Paris notamment, canicule et pollution entrent en interaction, créant un contexte sanitaire dangereux voire mortel.
Face à ce constat, on se rend compte que des actions doivent être menées, plus encore que celles déjà lancées. Les villes produisent en effet trois quarts des émissions de gaz à effet de serre aujourd’hui. Il est donc impératif de réduire le trafic motorisé en instaurant une politique de transport durable, mais pas seulement. Comme l’explique l’architecte Albert Lévy, il est possible de réduire le danger provoqué par le cocktail canicule-pollution en arborisant et en verdissant les espaces urbains, en créant des oasis par le biais de fontaines ou autres plan d’eau et en stoppant la densification massive des villes.
Car là réside également le problème : Paris construit et sur-construit, sur le moindre mètre carré de foncier disponible. La capitale dénombre 21 470 habitants par km², ce qui en fait la cinquième ville la plus dense du globe. Et son ratio d’espaces verts par Parisien est largement insuffisant. Il est de 5,8m² par habitant, soit l’un des plus bas d’Europe.
S’il semble que la municipalité soit consciente de ces enjeux, les actes ne suivent pas. Oui, des plans anticanicule sont régulièrement proposés, oui la Mairie multiplie les déclarations sur fond de volonté écologique et pourtant, la ville est en permanence densifiée et ce, depuis des années. Le résultat de cette densification pourrait être irréversible : rendre la ville impropre à l’habitation en période de canicule. Il est donc urgent que Paris revoit ses priorités !
Source : Le Monde
Source image : dossierfamilial.com