Connaissez-vous la police du secteur bancaire ? Le Comité de Bâle a le système de crédit immobilier français dans son viseur. Il souhaite en effet que l’hexagone se plie au modèle anglo-saxon, ce même modèle responsable en grande partie de la crise des « subprimes » de 2008. Explications.
Le Comité de Bâle menace le crédit immobilier français
Le week-end dernier, les députés se sont prononcés en faveur de la sauvegarde du système de crédit immobilier français. Ce vote intervient après celui des sénateurs et vient le renforcer. Une fois n’est pas coutume, les politiques se sont mis d’accord : il faut sauvegarder le modèle de crédit en France. Si tout le monde est aujourd’hui vent debout, c’est contre les préconisations du Comité de Bâle. L’entité voudrait en effet imposer le modèle de crédit immobilier anglo-saxon dans l’hexagone. Pourquoi ? Pour une sécurité accrue du bilan des banques et une uniformisation mondiale du système bancaire.
Ce que veut le Comité de Bâle pour le crédit immobilier français
La raison d’exister du Comité de Bâle est la solidité du système financier mondial. Et pour cela, il a décidé que 2016 et 2017 seraient des années charnières, celles d’une uniformisation du modèle de crédit immobilier sur le globe.
Et le système qui est érigé en modèle est anglo-saxon, à l’opposé de celui de l’hexagone. Point de divergence majeure, une opposition formelle aux taux fixes, qui assure pourtant la stabilité du système français. La preuve avec les derniers chiffres de l’Observatoire Crédit Logement/CSA qui affirme que 99,9% des crédits immobilier en France sont proposés à taux fixe (et non à taux variable).
Passer à un système reposant uniquement sur les taux variables présente un vrai risque. Les banques pourraient en effet devoir assumer le coût de la remontée de leurs propres taux de crédit immobilier affirme le Comité de Bâle.
Le Comité souhaite également mettre fin au système de caution au profit de l’hypothèque. Pour faire simple, un particulier qui ne paye plus son crédit verrait son bien saisi.
Dernier point clé de la refonte du système de crédit immobilier : la méthode de calcul du montant emprunté, cette méthode proposée qui n’est pas sans rappeler celle des crédits hypothécaires, véritable désastre financier…
Les risques du modèle encouragé par le Comité de Bâle
Ce mode de calcul ne serait alors plus basé sur les ressources du particulier, mais sur le montant du bien acheté. La règle des 33% d’endettement tomberait ainsi aux oubliettes. Il y aurait ici un vrai risque de s’endetter plus que de raison et de mener à une véritable catastrophe. Cette pratique, largement adoptée aux États-Unis a en effet conduit à la tristement célèbre crise des « subprimes » en 2008. Un argument que n’ont pas oublié de rappeler les défenseurs du système de crédit immobilier français.
Le faible taux d’impayé de crédit immobilier en France
Les défenseurs du modèle français ont également avancé un autre argument : celui du taux d’impayé. Nous avons en France l’un des plus bas du monde. Les chiffres officiels annoncent 0,1% d’impayé dans l’hexagone, contre 0,5% en Allemagne et 1,5% en Espagne, au Royaume-Uni ou encore en Italie.
En conclusion, nombreux sont les acteurs s’accordant à dire que le système de crédit immobilier français ne doit pas être changé. Cependant, le faible poids des voix françaises au Comité de Bâle risque de mettre à mal ces certitudes, si ancrées soient-elles. Affaire à suivre…