Si l’on attribue bien des qualités à la ville intelligente de demain, la Smart City du futur devrait encore nous surprendre. Bien loin des films de science-fiction, des voitures volantes et de l’ultra technologie, nos villes pourraient revêtir un autre visage en 2050. Celui d’entités capables de penser seules, d’agir seules, de prendre des décisions seules. Avec un peu d’imagination et d’anticipation, c’est sur ce chemin que nous pourrons avancer. Saut dans le temps tout en restant prudent.
La Smart City loin des fantaisies
On a longtemps imaginé la Smart City comme une ville bardée de technologie, une ville intelligente dont le ciel est sillonné par des voitures volantes, des bus indépendants et des hoverboards qui touchent les étoiles. Mais non, finalement c’est sous un contour plus sobre et résilient que se dessine la ville de demain.
Au fil de vos lectures, vous avez peut-être entendu parler de Data City, de Learning City, de ville du quart d’heure ou même de Smart Citizen. Ces modèles tendent progressivement à s’éloigner de la cité 100% axée technologie. Oui, la ville de demain est friande de percées technologiques mais elle les utilise comme des outils et non plus comme des fins en soi. Évidemment, la ville intelligente a besoin des nouvelles technologies, elles restent une condition sine qua non pour avancer sur des sujets prégnants tels que la sécurité, la mobilité et plus encore la durabilité qui lui sont chers.
Ces thématiques sont incontournables car les réflexions qui les entourent reposent sur des enjeux forts, à savoir la pression exercée sur l’environnement et la pression urbaine. Pourquoi ? Parce que les chiffres sont parlants : en 2050, 68% de la population mondiale est amenée à vivre en zone urbaine. Une part qui croît au fil des ans. Pour y faire face, les décideurs urbains ont l’obligation de s’adapter, de se maintenir et d’améliorer bien des points. Plus il y a du monde, plus les questions de mobilité, d’énergie, de sécurité et de santé sont présentes.
Autant dire qu’au moment où les constantes climatiques virent à l’écarlate, leur responsabilité est grande, colossale même. Vous comprenez aisément pourquoi les voitures volantes ne sont plus, mais alors plus du tout une priorité pour et dans la Smart City du futur !
La volonté est aujourd’hui de procéder à une accélération de la digitalisation dans la ville intelligente avec comme objectif une adaptation rapide à l’environnement mouvant et incertain. Les nouvelles technologies doivent servir ce dessein via une utilisation intelligente et responsable. Seul ce chemin semble pouvoir conduire vers un environnement urbain plus sûr et plus durable. Alors voyons, à quoi pourrait vraiment ressembler la cité intelligente en 2050, celle qui assurera la pérennité des territoires urbains.
État des lieux dans la ville intelligente
L’ONU l’affirme, deux tiers de la population mondiale vivra dans une ville en 2050. Les questions de mobilité et de sécurité seront donc quotidiennes, appelant réflexions et améliorations constantes. Sans grande surprise, il est plus facile d’assurer la sécurité d’une petite ville, d’une petite communauté que d’une mégalopole foisonnante.
Et pourtant, les chiffres semblent indiquer un certain attentisme autour de ces questions. Selon le dernier rapport Capgemini, un décideur municipal sur dix seulement affirme qu’une politique de développement d’une ville intelligente se trouve à un stade avancé dans sa municipalité. Un quart de ces mêmes responsables estiment que les initiatives de ville intelligente sont en cours de déploiement sur leur territoire.
Là encore, vous comprenez ce fort besoin d’une accélération de cette transition vers la Smart City responsable. D’autant que le nombre de mégalopoles devrait atteindre 43 en 2030 contre 33 aujourd’hui. Dix de plus, ce n’est pas rien à l’échelle mondiale. Il faut dire que les citoyens du monde entier plébiscitent actuellement la vie dans une ville intelligente, convaincus qu’elle est leur lieu de vie privilégié. Les villes n’ont ainsi d’autres choix que de prendre ce désir en considération.
Mais alors quelle est la vision de la Smart City de ces mêmes citoyens ? Pourquoi veulent-ils ou ont-ils posé leurs valises dans ces entités ? Pour 58% des citadins interrogés dans le cadre du rapport Capgemini, la ville intelligente est une ville durable aux services urbains optimisés et de meilleure qualité. Pour bénéficier de ces services, un tiers des sondés se dit prêt à payer plus cher. Un mode de vie qui les fait donc considérablement rêver.
Pour vous donner un ordre d’idée, en France entière, 25 entités (communes, communautés d’agglomération ou métropoles) se sont lancées dans le développement de services intelligents. Plus loin encore, elles sont désignées comme des Smart Cities par les pouvoirs publics et en portent fièrement le titre. Fait à première vue étonnant, seules deux de ces 25 entités comptent plus de 250 000 habitants. Preuve en est que pour briguer la convoitée reconnaissance de ville intelligente, il est inutile d’être une grande métropole.
Les technologies : une clé dans la Smart City, pas une finalité
Revenons à un élément rapidement évoqué dans les lignes précédentes. Présentées comme des fins en soi, les technologies dans la ville intelligente (intelligence artificielle, IoT, 5G…) changent un peu (beaucoup) d’orientation. Leurs usages premiers tendent ainsi à être dépassés. Prenons un exemple simple, celui des caméras de vidéosurveillance. Dans un premier temps, ces équipements sont évidemment destinés à assurer la sécurité des citadins via leur fonction de monitoring. Mais elles peuvent servir des desseins plus grands comme l’amélioration de la qualité de vie des citoyens.
Les caméras installées aux quatre coins de la ville intelligente peuvent ainsi assurer la sécurité de tous mais aussi gérer le trafic de manière intelligente tout en endossant également de manière optimale la gestion de l’énergie, de la santé, des déchets ou encore de la qualité de l’air. Une fois les caméras connectées et les logiciels d’analyse des données vidéo installés, tout est possible pour tendre vers l’amélioration et la fluidité.
Avec de telles analyses en temps quasiment réel, les besoins, les envies et les attentes des citoyens seront satisfaits. En prenant en compte la totalité des contraintes du territoire, à savoir les contraintes spatiales, de ressources et/ou environnementales, la ville intelligente se ferait plus fonctionnelle et plus durable, tout simplement.
Les composantes essentielles de la ville du futur
La Smart City de demain comme elle est imaginée ne suit pas un modèle figé, elle est la symbiose d’éléments intégrés, tous aussi importants les uns que les autres. La ville intelligente est donc une ville :
- Propre grâce à une gestion intelligente des déchets en fonction du taux de remplissage notamment, grâce à une maintenance optimale du réseau routier urbain ou encore grâce au traitement efficace des déjections canines.
- Mobile grâce à une gestion efficace du trafic, embouteillages en tête, grâce à des transports en commun intelligents reposant sur une analyse en temps réel de la fréquentation, grâce à une consultation instantanée des places de parking disponibles dans la ville…
- Pure grâce à l’analyse continue de la qualité de l’air et de la population.
- Économique grâce à certaines mesures déjà adoptées comme un éclairage urbain autonome adapté à la densité urbaine dans les rues et ruelles.
- Sûre grâce aux incidents remontés en temps réel, à la sécurisation des passages piétons, aux communications améliorées.
- Prête à lutter contre les catastrophes naturelles grâce à un développement axé sur la durabilité et la pérennité. C’est le cas par exemple des villes qui s’attèlent à se prémunir des inondations, des éboulements… à l’image des villes éponges.
La ville intelligente de demain, une ville responsable sur tous les plans
Il est aussi un indispensable dans cette cité parfaite que nous rêvons tous de voir éclore : la responsabilité au sens très large du terme. En effet, la Smart City utilise les nouvelles technologies. Nous avons compris que si elles ne sont définitivement pas une fin en soi, elles sont tout de même indispensables et de formidables alliées de développement. Mais pour autant, leur aspect incontournable ne doit pas les éloigner de leurs responsabilités et notamment de celle de respecter la vie privée des citoyens. Soyons clairs, plus il y a de dispositifs connectés dans une ville, plus les données collectées sont importantes, plus la nécessité de mettre en place des réglementations et des encadrements est présente. Sans quoi, il y a très peu de chances que les citadins aient confiance en leurs décideurs et territoires. La protection des données est un enjeu majeur de et dans la ville de demain, tout simplement. Preuve en est, une récente étude de Milestone démontre que pour que la population accepte la technologie vidéo, protection des données, confidentialité et transparence sont nécessaires.
Nous conclurons en arguant logiquement que les nouvelles technologies ont en elles le potentiel de développement de la Smart City mais qu’elles ne résument pas la ville intelligente, celle que les citadins souhaitent habiter en 2050. C’est avant tout l’intelligence humaine et collective qui est au cœur de cette entité briguée, cette cité qui prendra en compte des enjeux pluriels, à commencer par les enjeux sociaux, économiques et environnementaux. Les Smart Cities seront ainsi dotées de la faculté de penser, de penser collectivement.
Quelles est votre vision de la ville intelligente du futur ? Quels sont à votre avis les enjeux les plus importants qu’elle doit prendre en compte ?