À la fin des années 2000, la Smart City était sur toutes les lèvres. L'émergence du terme, d'un nouveau concept de ville intelligente, d'une vision futuriste accordée à différentes préoccupations a conduit à son succès. Ainsi, les cités du monde entier passent progressivement ou beaucoup plus rapidement à l'heure de la Smart City depuis lors. D'Oslo à Zurich en passant par Singapour et Paris, toutes ont des volontés qui se rejoignent : devenir plus durables, plus résilientes et plus accessibles. Leurs alliées ? Les nouvelles technologies, mais pas seulement. De la Smart City 1.0 à la Smart City d'aujourd'hui, il est d'ores et déjà possible de tracer un intéressant historique de l'évolution de la Smart City.
Qu'est-ce qu'une Smart City ?
Donner une définition de la Smart City exacte est un vrai défi. La ville intelligente prend mille visages, véritable entité protéiforme. L'on s'accorde à dire qu'il s'agit d'un modèle de développement urbain novateur, en perpétuelle évolution. Pour reprendre la définition de la CNIL, la ville intelligente est "un nouveau concept de développement urbain (…) permettant d’améliorer la qualité de vie des citadins en rendant la ville plus adaptative et efficace, à l’aide de nouvelles technologies qui s’appuient sur un écosystème d’objets et de services".
Pour faire encore plus simple, la Smart City fait appel aux nouvelles technologies à commencer par les objets connectés, la collecte des données, l'analyse des données ou encore la robotique en visant l'amélioration du quotidien des citadins.
La Smart City 1.0 ou des nouvelles technologies aux quatre coins de la ville
Si l'on devait donner une caractéristique à la première version de la ville intelligente, cela serait sans doute le solutionnisme technologique (à outrance ?). Partons du postulat que l'objectif de la ville intelligente est d'apporter une réponse à des enjeux majeurs, plus présents d'année en année. Elle doit ainsi anticiper la forte croissance démographique urbaine, répondre aux défis environnementaux, climatiques, énergétiques… répartir logiquement les ressources sur le territoire ville, prendre en compte les besoins et le bien-être des habitants… C'est donc en prônant les nouvelles technologies de l'information et de la communication que la Smart City 1.0 s'est développée. Pour les dirigeants, ces nouvelles technologies de pointe amènent viabilité, contrôle et durabilité.
Dans cette vision de la Smart City de première génération, la ville est une addition de plusieurs services et/ou réseaux comme celui de la mobilité, des déchets, de l'énergie ou encore de l'eau. Il est donc possible d'optimiser ces derniers grâce à la collecte et à l'analyse des données.
Mais cette vision 100% technologique de la Smart City a rapidement démontré ses limites. La toute puissance des données et de quelques acteurs privés est pointée du doigt et l'usage des données personnelles inquiète. Autre problématique, il devient effrayant que l'évolution de la ville repose uniquement sur les nouvelles technologies, que chaque défi et chaque problématique leur soient liés. La Smart City 1.0 semble en effet avoir oublié les "humains" dans la ville, le côté social de la cité. Le risque ? Que le territoire suréquipé de capteurs et analysé par des algorithmes devienne froid et désagréable à vivre.
La Smart City 2.0 met la technologie à son service
Dans la Smart City 2.0, les volontés changent, la vision du développement également. L'on commence à se rendre compte qu'un modèle tout technologique est une erreur. La deuxième version de la ville intelligente prône l'humain, affirme que le modèle devrait s'inspirer de ceux qui vivent sur le territoire, qui composent la cité, qui en font son essence même. Les nouvelles technologies sont toujours très présentes mais elles se font outils et non finalités. Les grands groupes perdent la mainmise, les collectivités locales mènent l'évolution de la Smart City en déterminant elles-mêmes le rôle des nouvelles technologies. Et ce développement se fait avec un objectif à l'esprit : l'amélioration de la qualité de vie des citadins.
Avec ce modèle, les acteurs majeurs du secteur de l'énergie trouvent leur place. Ils développent et proposent des solutions intelligentes qui prennent, là encore, le citoyen comme fil conducteur. L'idée est de cheminer vers une ville plus efficace, plus durable, plus verte et plus inclusive aussi. Les nouvelles technologies servent ce dessein, sans avoir les pleins pouvoirs. La Smart City 2.0 est donc résolument plus raisonnable.
Pour évoquer plus concrètement les évolutions dans cette seconde version de la Smart City, il est possible de se pencher sur certaines mises en place comme celles concernant l'éclairage public. Nombreuses sont les villes qui sont passées à l'heure de l'éclairage public intelligent, à savoir des équipements capables d'adapter leur luminosité à la circulation, au mouvement et au moment de la journée. À la clé, moins de pollution lumineuse pour les citadins et des économies d'énergie non négligeables.
La Smart City 3.0 axe son développement sur l'intelligence collective
Aujourd'hui, un grand nombre de villes sont à l'état de Smart City 2.0. Mais le modèle est loin d'être figé. On assiste à l'émergence de la Smart City 3.0, une cité qui prend l'intelligence collective comme levier de développement. L'idée ? Mettre la participation citoyenne au cœur de tous les enjeux, de toutes les évolutions. Les projets dits "smart" qui émergent actuellement se reposent sur la mise en réseau, sur un échange d'informations accru et sur la mise en avant de coopérations de toutes les parties concernées. Le développement humain et social fait battre le cœur de la ville intelligente nouvelle génération.
Un exemple ? Un programme immobilier neuf en France, dans une Smart City de l'hexagone, intègre un microgrid, un système de partage et de gestion intelligente des énergies. Ainsi, les propriétaires et les locataires ont le choix de partager l'énergie qu'ils produisent au reste du quartier. Voilà l'un des moyens utilisés par la ville intelligente, révélateur des nouveaux chemins empruntés : la décentralisation de la production d'énergie.
Dans la Smart City 3.0, les nouvelles technologies sont au service de l'humain. Dans certains cas, les nouvelles technologies vont jusqu'à s'effacer pour laisser place aux échanges, à la participation et à l'implication citoyenne. Les habitants sont ainsi les investigateurs de leur territoire et de leurs projets.
Progressivement, un nouveau modèle de ville émerge. Dans certaines cités, la Smart City a d'ores et déjà été abandonnée au profit de la Low Tech City, une ville résiliente, frugale, qui sait se gérer avec raison et consomme peu d'énergie.
Même si les nouvelles technologiques sont de formidables leviers pour parvenir aux objectifs fixés, les remettre à leur place de moyens semblait indispensable. C'est en ce sens que se développent les Smart Cities aujourd'hui. L'intelligence collective en lieu et place de l'intelligence artificielle ? Il n'est peut-être pas nécessaire d'opposer les deux, simplement de trouver le juste équilibre.
Où en est votre ville ? Est-elle déjà engagée dans un cheminement de Smart City, de Low Tech City ?