En avril dernier, des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour manifester leur inquiétude et leur colère face au doublement du montant des loyers en 10 ans à Berlin, une ville où 85% des habitants sont locataires. Des problèmes de logement qui ont conduit les dirigeants locaux à prendre une décision radicale, celle de mettre les loyers sur pause pendant 5 ans. Objectifs : lutter contre la spéculation immobilière et éviter des loyers exorbitants comme à Paris ou à Londres.
La spéculation des groupes immobiliers mise en cause
La ville de Berlin était réputée pour ses loyers accessibles. C’est en train de changer. La raison : de grands groupes immobiliers comme Deutsche, Wohnen et Vonovia investissent à Berlin, ville plus accessible que certaines grandes capitales européennes, en rachetant des logements anciens, en les rénovant et en les louant à des prix plus élevés.
Berlin attire aujourd'hui une population aux revenus plus importants, contribuant à l'augmentation des loyers. Le résultat : une gentrification et un manque de logements à prix abordables pour les Allemands aux revenus plus modestes qui se trouvent ainsi pénalisés. Les associations mettent en cause les groupes immobiliers et souhaitent même l'expropriation de certains d'entre eux ainsi que le rachat des logements par la ville.
Berlin met les loyers sur « pause »
Berlin prend les devants et met les loyers sur pause. Les loyers de logements privés anciens ne pourront plus être augmentés par les propriétaires durant 5 ans. Une initiative prise par la coalition qui dirige la ville : les sociaux-démocrates, les écologistes et la gauche radicale. Une décision qui pourrait devenir une loi. A ce jour, le Sénat de Berlin a adopté le projet et la Chambre des députés doit encore se prononcer. Cette loi devrait entrer en vigueur en 2020 et ne concerne pas les logements neufs.
S'il y a modernisation d'un logement ancien justifiant a priori une augmentation de loyer, celle-ci devra être autorisée par les autorités locales. Une mesure forte pour protéger les locataires. En cas de non-respect, un propriétaire peut se voir infliger une amende allant jusqu'à 500 000€. Un moyen plus que dissuasif pour les propriétaires, mécontents. En plus de cela, un locataire pourra faire diminuer son loyer si après recours, le loyer est considéré trop élevé par rapport à l'indice locatif.
Paris met en place l'encadrement des loyers, d'autres villes allemandes risquent de suivre Berlin. Des entreprises investissent dans la construction de logements comme Google dans la Silicon Valley. Toutes les grandes villes du monde connaissent les mêmes difficultés : à la cherté des loyers s'ajoute une offre de logements insuffisante. La ville reste attractive pour l'emploi et les investisseurs l'ont compris et mènent la danse. Si les mesures sont trop coercitives, ne vont-ils pas aller voir ailleurs ?
Geler les loyers va-t-il permettre un meilleur accès au logement pour tous ? Est-ce suffisant ?