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Quand la Smart City lutte contre les discriminations

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Quel meilleur territoire que la ville pour lutter contre les discriminations ? La Smart City a évidemment son rôle à jouer puisqu’elle est souvent elle-même un lieu d’inégalités. Pour y remédier, la ville intelligente a quelques défis à relever. Lesquels ? Zoom et explications.

Du constat des discriminations dans la Smart City

Nous sommes en juin 2020 et le Défenseur des droits écrit dans son rapport Discriminations et origine : l’urgence d’agir « Comment est-il possible alors qu'elles sont aujourd'hui pleinement identifiées grâce aux études existantes que ces discriminations soient rendues à ce point invisibles dans le débat public et qu'il n'existe plus aucune véritable politique publique dédiée à la lutte contre les discriminations raciales ? »

Pourtant, depuis quelques années, certaines villes mènent le combat contre ces inégalités. La preuve par la pratique. Plusieurs localités ont ainsi décidé de faciliter le signalement les discriminations sur leur territoire. Prenons le cas de « Allô Nantes discriminations » mis en place en 2018 avec comme objectif de « rendre visibles toutes les discriminations » et « faire valoir le droit des victimes. » L’initiative nantaise a été suivie par Strasbourg et Montreuil qui ont créé des outils dédiés à « la lutte contre les discriminations. »

Et les villes travaillent conjointement avec d’autres acteurs pour parvenir à leur dessein. Institutions publiques, associations de lutte contre les discriminations… toutes se joignent à la Smart City. Pour ne citer qu’un exemple, prenons celui du réseau « Partenaires-Egalité » qui œuvre à Grenoble. Sa volonté ? Sensibiliser et former les représentants institutionnels pour qu’ils sachent déceler et reconnaître les différentes pratiques discriminatoires mais aussi créer et animer une cellule de veille réservée aux victimes de discriminations. Ces dernières peuvent bénéficier d’une aide juridique pour faire valoir leurs droits.

Ces actions sont loin d’être isolées. Nombreuses sont les villes intelligentes qui s’attèlent à devenir des actrices majeures dans le combat contre les discriminations et notamment celles relatives à l’origine, à la nationalité, à la couleur de peau, à la forme des yeux même… de leurs citoyens.
Mais pourquoi donc cette lutte contre les discriminations est-elle devenue si importante dans et pour la Smart City ?

Les discriminations dans le viseur de la Smart City depuis des années

Dans les années 80, les flux migratoires deviennent un objet politique et l’on assiste à la naissance d’un programme d’intégration des populations immigrées qui rencontrent des difficultés. Dans un contexte global, des villes comme Strasbourg ou Lyon s’emparent de l’objet pour trouver des solutions et porter à la connaissance de tous ces problématiques couplées d’intégration et de racisme. Les Smart Cities veulent alors se détacher de la politique nationale au profit de leur propre territoire. On retiendra les actions de certains maires comme Jean-Marc Ayrault (Nantes), Catherine Trautmann (Strasbourg) ou encore Michel Noir (Lyon). Ils s’investissent alors corps et âme dans les questions migratoires et discriminatoires. Parmi les mesures adoptées, on se souvient des chartes municipales qui mettent tous les citoyens sur un pied d’égalité, des festivals et autres événements culturels organisés en faveur de l’interculturalité, de l’égalité et/ou de la lutte contre le racisme.

Autre nouveauté, la mise en place de commissions de réflexion avec différents acteurs associatifs pour penser et améliorer les conditions quotidiennes des populations immigrées. La Capitale des Gaules a particulièrement œuvré en la matière avec une commission extra-municipale du respect des droits qui traite des conditions de vie des enfants issus de l'immigration en 1990, de l'accueil réservé aux réfugiés en 1992 et du logement des étrangers en 1993.

D’autres localités prônent l’égalité politique en demandant le droit de vote pour tous, y compris pour les résidents étrangers.

Ces actions et mesures sont généralement impulsées et portées par un voire deux élus dans une Smart City. Elles ont peu de soutien en dépassant les limites de leur territoire et encore moins de soutiens administratifs. Alors ces mêmes élus se reposent sur les services sociaux et les services de la politique de la ville de leurs administrations. Mais un travers se dessine. Si louables soient les dessins de ces élus, il n’en reste pas moins que de nombreuses catégorisations de populations apparaissent. Entre « les étrangers », « les immigrés », « la lutte contre le racisme ou contre les discriminations » n’est-ce pas en partie opposé qui est en train de se produire ? D’autant que chaque minorité n’est pas nécessairement traitée de la même manière. Les élus locaux prouvent leur bonne volonté mais ils ont quelques difficultés à traiter pleinement les questions d’exclusion et de discriminations ethno raciales.

La lutte contre les discriminations en dehors de la Smart City

Les mesures prises dans les villes ont été renforcées à des échelles plus vastes. C’est le cas de la directive « Race » (2000) qui a été adoptée par l’Union européenne. Elle s’attache aux discriminations du fait de l’origine et de la race. Mais en France, la lutte contre la discrimination peine à se faire une vraie place dans les années 2000. Notons tout de même la création de la Haute autorité de Lutte contre les Discriminations (Halde) en 2004 mais qui traite davantage du parcours d’intégration vers les valeurs de la République pour les immigrés.

Dans les villes, l’entièreté de la question des discriminations est soulevée. On relève de plus en plus d’organisations protéiformes qui font une place, bien qu’encore mince, à l’enjeu ethno racial.

Ainsi, dans certaines Smart Cities, une action pour un public spécifique est menée. C’est le cas, le plus souvent, des étrangers et de leur descendance. Au sein d’un seul et même service il est alors possible de traiter les questions d’intégration, de discriminations et plus largement d’égalité des droits.

Dans d’autres localités, la question de l'origine est englobée dans celle des discriminations aux côtés du handicap, de l’âge, du genre et évidemment de l’origine.

Ainsi, sous cette appellation de « lutte contre les discriminations », les localités regroupent un grand nombre d’actions aux formes variées en faveur de la diversité culturelle, de la non-discrimination, du droit de vote

Aujourd’hui la Smart City mène bien souvent de front lutte contre les discriminations et accueil des populations exilées. Les villes intelligentes ont à répondre à des enjeux forts tels que donner un toit pour tous ou intégrer ces mêmes populations sur leur territoire. Les prochaines années nous diront si les politiques locaux ont réussi le pari qui consiste à coupler accueil et intégration.


Avez-vous connaissance d’actions menées dans votre ville pour lutter contre les discriminations ? Lesquelles ?

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