Alors que la Smart City tend à devenir le modèle, le standard même de la ville de demain, différentes visions de la ville intelligente s’affrontent. Pour Patrice Vergriete, président de France Ville Durable et maire de Dunkerque, la vision de la Smart City européenne, française même, « n’est pas celle de l’Asie ou de l’Amérique du Nord ». Quelles sont ses différences ? Une simple histoire d’orientation ou une réelle divergence culturelle ? La complémentarité est-elle envisageable ? Explications.
La Smart City à travers le monde
Depuis 5 ans, le Smart City Expo World Congress ou SCEWC réunit des acteurs majeurs de la ville intelligente. La dernière édition organisée à Barcelone fin 2019 n’a pas échappé à la règle. Elle a été l’occasion de mettre en avant les différents profils de ville intelligente à travers les continents. Pour Patrice Vergriete toujours, « il suffit de regarder ce qui est présenté sur les stands pour se rendre compte des différences entre la vision européenne, asiatique et américaine de la ville intelligente. En Europe, et particulièrement en France, nous mettons en avant nos collectivités et pas uniquement des entreprises technologiques. Outre-Atlantique, la smart city est souvent synonyme de business et de ville "servicielle". Et en Asie, elle répond principalement à des enjeux de contrôle. Nous proposons une vision alternative, celle d’une ville durable, sociale et démocratique. »
L’évènement a donné à voir ses différences. Ainsi, sur le stand français, les collectivités sont clairement identifiées et mises en avant à l’image du Grand Lyon ou de Grenoble Métropole.
A contrario, les représentants de la Smart City américaine n’accordent pas la même importance aux collectivités et optent pour la mise en avant des réalisations concrétisées. Pour le vice-président Education et public sector de Microsoft, Anthony Slacito, « le cœur de la Smart City ce sont les gens. ». La Smart City ne doit pas être centrée sur la technologie et sur le business mais bien sur l’humain, sur les habitants. « Les Etats-Unis sont les pionniers de l’open-data et gardent une longueur d’avance dans ce domaine », explique Stéphane Létot, VP sales EMEA d’Opendatasoft. La transparence est un objectif majeur de la ville intelligente d’Amérique du Nord.
Des exemples ? Des services numériques proposés en anglais, dans la langue nationale donc, mais également en espagnol pour une meilleure prise en compte de la communauté hispanique.
Le cas particulier de la Smart City asiatique
Lors du SCEWC, plusieurs villes asiatiques étaient représentées à l’image de Chengdu et de Shangaï. Les villes du continent ont eu et ont toujours une longueur d’avance en matière de Smart City. Mais là encore, la vision diffère de celle de la Smart City française ou de la Smart City américaine. En Asie, la ville intelligente n’a aucune dimension politique et encore moins citoyenne. On parle de trafic ou de vidéo surveillance. « Il n’y a pas de politique dans notre approche de la smart city, confie un des représentants de Shanghai. Il s’agit d’optimiser et de piloter la ville grâce au numérique, ainsi que de favoriser le développement économique des entreprises. »
Un discours que l’on retrouve en Chine : « nous participons à ce salon pour vendre nos technologies, pas pour faire de la politique » affirme l’un des exposants.
Le SCEWC semble donc s’orienter vers une volonté business et technologie. Mais les organisateurs veulent donner une autre dimension à cet événement lors des prochaines éditions. Pour Patrice Vergriete, « la Smart City ne doit pas être promue uniquement par le savoir-faire technologique ». La tendance du côté de la France est à l’intégration d’un ministre ou d’un secrétaire d’Etat.
Pour vous, quels sont les enjeux de la Smart City ? Citoyens, économiques, écologiques, technologiques… ?