En vogue, à la pointe, à la mode même, le concept de Smart City est davantage qu’une simple tendance. La ville, celle qui veut vraiment devenir intelligente, est à l’écoute de ce qu’il se passe, même des événements les plus traumatisants pour ses citoyens, ses institutions, ses infrastructures, son mode de fonctionnement même. C’est ainsi que ces derniers mois ont été éprouvants pour nos modèles urbains, bien loin d’imaginer devoir faire face à un phénomène de l’ampleur de la pandémie. Et pourtant, positif dans le négatif, cette période de crise sanitaire a permis de faire émerger la résilience sanitaire. Nouveau concept, cette dernière est un formidable levier pour rendre sa confiance à la ville. En couplant résilience et numérique, voyons où chemine la ville de demain.
Qu’est-ce que la résilience numérique ?
Pour cerner la résilience numérique, il est important de s’arrêter sur la définition de la résilience elle-même. Pour faire simple, il s’agit pour un individu ou pour une organisation de prendre en compte un traumatisme subi et de faire en sorte de ne pas vivre avec les réminiscences de cet événement, de se reconstruire de manière socialement acceptable.
Plus concrètement, la crise sanitaire qui frappe le monde depuis près d’une année est un événement traumatisant qui amène les individus et les villes à devenir résilients. En effet, les répercussions d’un système de santé à bout de souffle, des confinements successifs, des lieux de culture et des écoles fermés, de la distanciation sociale… sont évidemment nombreuses. L’idée première de la résilience est de ne pas vivre dans le malheur en s’adaptant pleinement, en tirant des leçons de ce qu’il vient de se passer, et se passe encore dans notre cas précis.
Et dans la Smart City, sans grande surprise, l’on parle aujourd’hui de résilience numérique. Le numérique est un effet devenu un formidable moyen d’assurer si ce n’est la linéarité mais bien la continuité et l’adaptabilité des services pour l’économie des villes intelligentes mais aussi pour nous, individus appartenant à une société. C’est ainsi que la résilience numérique est apparue, forte d’événements déplaisants. Cette même résilience numérique qui perdurera à coup sûr dans les années à venir, accompagnant la transformation profonde de la Smart City.
Pourquoi la résilience numérique est un concept moderne ?
La résilience numérique n’aurait tout simplement pas pu voir le jour il y a quelques années, sans cette crise sanitaire mondiale et ce, pour plusieurs raisons. Il fallait tout d’abord que la ville intelligente se développe, se structure autour de différentes expériences mais également autour de réflexions groupées, de paroles libérées et conjointes entre les dirigeants et leurs administrés.
Plus encore, il y a une décennie seulement, le secteur du numérique était encore trop immature pour parvenir aux solutions présentées et adoptées aujourd’hui. Les infrastructures nationales et internationales auraient été elles-aussi incapables de suivre. Imaginons par exemple qu’il y a 10 ans, le réseau haut débit n’était pas au niveau actuel. Et sans lui, le télétravail n’aurait pas pu se développer avec une telle ampleur tout comme les téléconsultations ou encore les cours en ligne pour les enfants et étudiants déscolarisés pendant un temps.
Force est de constater que le numérique a joué un rôle salvateur pour une partie, et une partie seulement, de l’économie des pays mais aussi dans la sauvegarde du lien social. Mais pour autant, lucidité oblige, les événements soudains ont amené urgence et impréparation. Le premier confinement en a été la preuve. Nous étions mieux préparés, plus armés pour le second.
Une chose est sûre, une partie du monde du travail a dû se réinventer en quelques jours et fort heureusement, la crise numérique ne s’est pas ajoutée à la crise sanitaire. Cependant, ce premier succès ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. Le Smart Territoire a beaucoup à apprendre de cette période dans laquelle nous sommes encore, il doit impérativement réagir pour affiner son niveau de maîtrise, notamment concernant la saturation des réseaux, les questions de sécurité ou encore l’illectronisme. Et il semble nécessaire d’aller encore plus loin en étant stratégique…
La résilience numérique au cœur des stratégies futures de la Smart City
La ville intelligente apprend, elle se transforme et s’adapte. Il est évident que les priorités numériques sont aujourd’hui changeantes au regard de cette crise sanitaire qui rebat les cartes. Ainsi, la cité pense progressivement une stratégie dite de résilience numérique afin d’apporter des solutions simples et concrètes aux citoyens et aux territoires. Il peut par exemple s’agir pour la ville de mettre en place un accompagnement destiné aux entreprises et aux collectivités afin de mieux gérer le télétravail, les déplacements allant même jusqu’à la revitalisation des campagnes. L’exemplarité numérique des organisations est également à l’ordre du jour sur le Smart Territoire.
Il reste évidemment nécessaire de ne pas tout miser et tout le temps sur le numérique et de consolider des usages relativement classiques tels que ceux déclinés par les grandes plateformes de services à commencer par les emails, le stockage ou encore la visioconférence. Une parfaite adaptabilité et une balance qui doivent impérativement se faire main dans la main avec les services de développement des territoires et plus particulièrement avec ceux de la Smart City. Nous allons ainsi rapidement observer si les leçons de cette crise sans précédent ont été tirées et si elles ont servi la ville intelligente.
Entre numérique et résilience, le cœur de la Smart City balance et se contredit
Si l’on détache la Smart City du numérique, il est évident que les élus cheminent actuellement vers la résilience du territoire. Les politiques territoriales et nationales doivent être pensées aujourd’hui pour demain. Quel impact (positif) auront les lignes conductrices d’aujourd’hui dans 30 ans ? Les collectivités sont donc pleinement engagées dans des démarches durables pour rendre la ville plus habitable, moins polluante, davantage pourvoyeuse d’emplois… En bref, les besoins des citoyens sont au cœur de ces mêmes politiques. La Smart City est donc résiliente.
Dans le même temps et ce n’est pas un secret, la ville intelligente est de plus en plus numérique, ultra connectée et capable de gérer un nombre impressionnant de données. La Smart City est servicielle et un brin déshumanisée. Durabilité, hyper connexion et numérique peuvent-ils s’accorder ? Si personne ne remet en cause la nécessité des trois volets, nous sommes cependant bien loin de nous rendre compte de ce qu’implique réellement le numérique dans la ville intelligente. Savez-vous que son bilan environnemental est contestable ? Il contribuerait en effet à hauteur de 5% des émissions des gaz à effet de serre et de quasi 10% de la consommation énergétique mondiale. Là, nous arrivons au point d’arrêt. Peut-on envisager des solutions pérennes pour une ville durable et numérique ?
La première est sans doute de faire usage des technologies les moins polluantes et les moins énergivores dont nous disposons. Progressivement, certains acteurs s’emparent de ces différentes problématiques prônant le low tech, la sobriété du numérique mais également de la Smart City sans oublier l’analyse des cycles de vie globaux et la résilience. La résilience devient un modèle économique pour certains territoires, cherchant les usages raisonnés de toutes les ressources et moyens, numérique en tête.
Nous assistons aujourd’hui au croisement de plusieurs chemins, à commencer par ceux de la sobriété, des nouvelles technologies et de la résilience numérique. Nous sommes à l’heure du numérique responsable, à l’heure de faire des choix qui impacteront grandement le futur de la Smart City.
Aviez-vous connaissance de cette notion de résilience numérique ? Les politiques dans votre Smart City cheminent-elles dans ce sens ?