Du textile transformé en isolant ? C’est le défi relevé par Ouatéco, une entreprise française installée dans les Landes. Une solution durable qui permet de cheminer vers un immobilier écologique et une performance thermique accrue. Zoom sur cette initiative pas banale.
De vieux vêtements recyclés en isolant pour un immobilier écologique et durable
Vous les avez sans doute déjà vues ou même utilisées, ces bornes de vêtements disponibles un peu partout sur le territoire. Elles permettent de jeter puis de réutiliser les textiles abîmés ou non et, bien souvent, de leur donner une seconde vie. Dans les bennes d’Emmaüs de Pau, plus de 20m3 de vieux vêtements sont jetés chaque jour. Certains textiles ne sont pas réutilisables en l’état. Ils seront donc recyclés et transformés en isolant performant pour un immobilier écologique et durable.
Ouatéco œuvre pour une isolation innovante
Cette entreprise landaise est devenue leader dans la production d’ouate de cellulose à partir de papier recyclé. Voilà dix ans qu’elle s’est imposée sur le marché. Aujourd’hui, elle s’attaque à un nouveau défi écologique. Depuis plus de trois ans, son département Recherche & Développement travaille sur la possibilité de transformer du textile en isolant pour maisons.
Les milliers de kilos de vêtements jetés chaque année vont donc s’offrir une nouvelle vie. « La performance énergétique est trois fois plus importante que les isolants pré-existants sur le marché », explique Thierry Tonuitti, le dirigeant de Ouatéco. Selon lui, même la laine de roche ou la laine de verre n’égale pas son matériau innovant qui a une « tenue inégalable dans le temps ». Preuve en est, la société offre une garantie de 50 ans.
Convaincu par son projet, il a donc investi deux millions d’euros dans l’étude et à la mise en œuvre de son nouvel isolant.
Un immobilier écologique et économique
« La fibre textile contient de l'air, ce qui lui donne une forte inertie, très efficace contre la pénétration de l'air froid et encore plus de l'air chaud », explique encore Thierry Tonuitti. « Avec un isolant comme celui-là, on peut se passer d'une climatisation. Les économies en énergies fossiles seront conséquentes », ajoute-il. La production d’un matériau immobilier écologique et durable est donc à l’ordre du jour.
Et le projet de Ouatéco a également l’avantage d’avoir un coût de fabrication très bas. Les textiles sont en effet récoltés localement : pas de coûteux transports pour se fournir en matière première.
Jusqu’à présent, les vêtements collectés par Emmaüs sont pour partie revendus par l’association et le reste est recyclé. « Mais ces filières [de recyclage] revendent une bonne partie du tonnage récupéré aux quatre coins du monde », déplore Germain Sarhi, fondateur et président d’Emmaüs Europe. Selon lui « un string collecté chez nous peut se retrouver à Dubaï. C'est une contradiction énorme que de devoir faire faire autant de kilomètres à cette marchandise ».
La conception de l’isolant écologique en pratique
Pour se diriger vers un isolant immobilier écologique, Ouatéco a installé ses premières machines à Saint-Geours-de-Maremne depuis septembre. Mi-novembre, de nouveaux équipements en provenance d’Italie, de Belgique et de Hollande seront opérationnels. L’objectif ? Transformer entre 8 000 et 10 000 tonnes de vêtements par année.
Pour cela, un premier tri sera effectué lors de la collecte puis « coupage, délissage, effilochage, enlèvement des boutons, dépoussiérage, les opérations successives vont nécessiter des mises au point au moins jusque fin décembre » explique le dirigeant de Ouatéco. La production du nouvel isolant devrait ainsi réellement débuter en janvier 2020.
Le projet est soutenu par le Conseil régional de Nouvel Aquitaine qui a investi 450 000€ par le biais du dispositif Aquitaine Développement Innovation. Grâce à cette initiative majeure, Ouatéco verra son effectif grandir. La société s’est même engagée à créer 15 emplois en 5 ans.
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