Génération Tanguy : choix ou obligation ?
Les 18-30 ans auraient du mal à quitter le domicile parental. Des « Tanguys » ? D'après le dernier baromètre sur la jeunesse réalisé par l'Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP) et le CREDOC pour la Direction de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative (DJEPVA), la situation serait difficile à vivre tant du côté des enfants que des parents. 1 individu sur 4 environ serait concerné. Une situation inconfortable, justifiée par le coût élevé du logement et la précarité professionnelle. Zoom sur la génération Tanguy.
Dans toutes les catégories sociales, les 18-30 ans cherchent à avoir leur propre logement. C'est ce que révèle le Baromètre sur la jeunesse 2018 après une enquête menée auprès de 4 500 personnes de métropole et d'outre-mer âgées de 18 à 30 ans. Ils ne souhaitent pas rester dans le foyer parental contrairement à la fausse idée répandue que cette génération veut profiter du confort familial. C'est même plutôt l'inverse. La génération Tanguy n'existe pas. Parmi ceux qui n'ont jamais quitté le domicile parental 66% ont déjà envisagé d'accéder à un logement autonome.
Les raisons qui entraînent le départ du cocon familial sont pour 28% le fait de se mettre en couple, 27% pour les études, 25% pour avoir son indépendance, 15% pour l'emploi. Les filles partent en général plus tôt (64%) que les garçons (45%). Une différence est également observée selon les régions. Les jeunes des régions Pays-de-la-Loire et Auvergne-Rhône-Alpes souhaiteraient accéder plus rapidement un logement autonome que les jeunes de Nouvelle Aquitaine, d’Occitanie et des Hauts-de-France.
En 2018, 41% des 18-30 ans habitent au titre de résidence principale chez leurs parents. Dans la réalité, les étudiants représentent 73% de cette population contre 24% pour les salariés. Le taux est de 23% pour les 25-30 ans. La cohabitation parentale est également vécue par 14% de parents d'un enfant (enfant cohabitant) et 8% d'individus en couple avec une personne qui vit dans le même logement.
Si certains jeunes n'ont jamais quitté le domicile parental (28% des 18-30 ans), 13% ont fait des allers-retours. Différentes raisons expliquent ce retour au domicile parental comme la fin de l'année scolaire, des études (32%), une séparation (24%), des difficultés financières (22%) ou la perte d’un emploi (14%). « Parmi les jeunes qui habitent dans un logement autonome, 65% ont un taux d’effort qui dépasse 30%, et un jeune sur quatre consacre la moitié de ses ressources au logement » affirme le Baromètre DJEPVA. Cela suppose un « reste à vivre » faible.
Deux raisons majeures expliquent donc l'obligation de « vivre chez les parents » : le coût financier du logement et de la vie pour 40% et l'attente d'un emploi pour 32%. Au milieu des années 90, le nombre de jeunes habitant chez leurs parents avaient diminué mais une étude de l'INSEE montre qu'à partir des années 2000, la hausse du chômage et du nombre d'étudiants a fait ré-augmenter le nombre de jeunes de moins de 30 ans qui restent dans le foyer parental. « Finalement, seuls 10% des jeunes ne résident pas en logement autonome et n’ont jamais envisagé de sauter le pas ».
Le budget consacré au logement pèse lourd et le logement est devenu le premier poste de dépenses des Français. Aussi, certains parents préfèrent que les jeunes habitent chez eux car le budget est moins important quand dans un logement autonome. En effet, les parents doivent souvent « mettre la main au portefeuille » pour aider les jeunes et les soutenir pour payer le dépôt de garantie, le loyer, l'équipement et autres frais liés au logement. 33% des jeunes ayant un logement autonome seraient aidés par leurs proches dont 27% des jeunes en emploi.
Un tiers des jeunes passeraient par des solutions intermédiaires comme la multi résidence en vivant ailleurs régulièrement, le temps des week-ends par exemple. Toutes les solutions ne sont peut-être pas exploitées. Preuve en est : 13 % des jeunes n'auraient pas entendu parler des aides au logement. De même, l'offre de logement sociale et les dispositifs de soutien au logement comme Visale, Loca-Pass, Mobili-Jeune ne sont pas suffisamment connus ou mobilisés.
« Une période de semi-autonomie suit de plus en plus la décohabitation familiale et tend à s’allonger » indique le rapport d'étude. Et pourtant, être capable d'assumer financièrement ses dépenses de logement aide à se projeter dans l'avenir et à avoir confiance. Un enjeu important pour cette génération qui est en demande de soutien. Une marge de progression est d'ores et déjà possible si les jeunes se saisissent davantage des dispositifs existants.
Vous faites partie de cette génération Tanguy ? Où vivez-vous ?
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