Les urbanistes composent aujourd’hui avec de nouvelles contraintes : il leur faut obligatoirement éviter l’étalement urbain, respect de l’environnement oblige. Oui mais voilà, avec des citadins toujours plus nombreux, comment faire ? Un vrai casse-tête. Solution trouvée : la ville verticale, une ville qui prend de la hauteur, des bâtiments qui touchent le ciel, des étages toujours plus nombreux. Autant de projets qui semblent nécessaires pour répondre à la demande de logements mais qui suscitent de vifs débats et qui ont leurs détracteurs. Peut-on alors considérer que la ville de demain est verticale et que la solution est viable ? Eléments de réponse.
Des limites réglementaires pour l’étalement urbain et pour la ville verticale
Il est logique que les urbanistes observent de strictes règles quand ils pensent la ville et les constructions de demain. Ainsi, alors qu’elle se développe constamment, elle ne le fait pas n’importe comment. Il y a derrière ces règles une idée de préserver le paysage urbain ainsi que l’environnement.
L’un des enjeux majeurs de l’urbanisme en France est aujourd’hui de strictement limiter l’étalement urbain qui a pris un tournant disproportionné depuis quelques années. Il s'agit donc de préserver les zones non-construites qui sont destinées à l'agriculture ou à rester en friches. Ces zones sont capitales pour la ville de demain, car elles permettent de maintenir un équilibre. Plus l'urbanisme est poussé, plus la minéralisation et l'imperméabilisation des sols est importante. Et ce n'est pas une bonne nouvelle : en cas de fortes intempéries, les sols trop imperméables sont incapables de gérer et d'absorber l'eau. Conséquence : les inondations impactent les citadins.
Face à ce problème, certaines villes ont décidé de se proclamer villes éponges, à savoir des cités dans lesquelles la nature est remise au goût de jour. On peut même y voir des marécages dans l'hyper centre ou des parkings aux sols végétalisés.
Aujourd’hui, l'étalement urbain est donc strictement encadré par les documents réglementaires. Les zones constructibles ne peuvent ainsi pas empiéter sur les zones non urbaines, à savoir les zones naturelles ou agricoles.
Cette même réglementation peut obliger les nouvelles constructions à respecter une hauteur maximum pour ne pas défigurer le paysage local. Il semble somme toute assez logique de ne pas voir une immense tour en plein cœur d'un paisible village majoritairement composé de maisons.
Nous arrivons donc au point de blocage : comment permettre aux villes de se développer, si elles ne peuvent s'étendre ni de manière horizontale, ni de manière verticale ? Car il est nécessaire d'accueillir les nouveaux citadins, plus nombreux chaque année.
La ville verticale et ses détracteurs
Si l'on a vu des programmes immobiliers neufs en France prendre de la hauteur ces dernières années, ce genre de projets connaît ses détracteurs. Lorsqu'une nouvelle tour est annoncée, les résidents à proximité font entendre leur voix pour la contrer et empêcher sa construction. La raison de ce mécontentement est évidemment l'envie et la volonté de conserver des lignes ouvertes aux alentours, un paysage dégagé, une vue non obstruée.
Certains immeubles peuvent également priver les habitants du soleil dont ils bénéficiaient jusqu'à présent.
Et à l'heure de la ville intelligente, celle qui prône la prise en compte du bien-être de ses habitants, il est impensable de ne pas entendre ces critiques. C'est à Paris que les cas sont le plus fréquents, alors même que le foncier manque à l'appel depuis des années pour mener des projets immobiliers neufs. Comment contourner le problème ? Comment convaincre les citadins que la ville verticale a ses avantages ?
La ville verticale à la conquête des habitants
L'opération séduction est lancée par les urbanistes. S'il n'y a pas d'autres solutions que d'empiler les étages, il est nécessaire que les citadins y trouvent un intérêt. Pour certains urbanistes, il est possible de réinventer la verticalité, de rendre la hauteur moins effrayante. L'idée est d'enlever la sensation de densité trop importante, d'étouffement de l'esprit des résidents.
C'est donc dans l'élévation même qu'il y a un coup à jouer. La ville est innovante, la Smart City est durable, elle peut tout à fait intégrer ces volontés dans les hauteurs et ne pas élever simplement des tours de bureaux et de logements. C'est ainsi que les tours les plus innovantes intègrent en leur sein des projets de mobilité urbaine, des espaces partagés végétalisés, des boutiques, des espaces de loisirs, des fermes urbaines verticales… Il est également possible de jouer avec les formes, les vides et les pleins, les façades verdoyantes, pour casser cet effet "bloc de béton" que l'on oppose aux immeubles imposants.
La ville verticale a donc tout intérêt à présenter plus d'avantages aux citadins que d'inconvénients pour les convaincre et les persuader de prendre de la hauteur.
Que pensez-vous de ces programmes immobiliers neufs aux étages élevés ? Solution pour lutter contre l'étalement urbain ou problème déplacé ?